Teinture végétale sur tissus (Curcuma)

Pour entamer la série sur la customisation de tissus, je vais commencer par la teinture végétale la plus simple, celle au Curcuma. Ça fait un certain temps que je suis tentée par la teinture végétale de tissus, mais on m’avait mise en garde sur le côté éphémère de cette méthode. La couleur passerait avec les lavages et l’exposition aux UV. Après quelques recherches, j’ai effectivement lu que la tenue dépend de plusieurs choses : les fibres teintes (en procédant différemment on peut aussi teindre de la laine), les plantes utilisées, la préparation des fibres, la température et le temps de trempage… Donc on verra bien, dans tous les cas ça se tente.

D’abord la liste du matériel utilisé :

  • Un faitout de 10,5 litres (il faut de la place pour le tissu et surtout il faut pouvoir le porter)
  • Une grosse touillette (le mien est un bout de bois de 40 cm qui du coup ne me servira que pour les jaune/orange)
  • Tissu coton bio du géant suédois, ici une pièce de 50 x 150 cm qui pèse 100 gr (le poids doit être pesé à sec)
  • 6% de cristaux de soude (ici 6 gr)
  • 3 litres d’eau pour le décatissage
  • 50% du poids du tissu en Curcuma (ici 50 gr)
  • 3 litres d’eau pour le bain de teinture

1. Lavage du tissu

Les tissus qu’on achète sont tous apprêtés pour avoir une bonne tenue et ne pas se froisser trop facilement en magasin. De plus, certains vont bouger au premier lavage donc la première chose à faire quand on achète du tissu (pour teindre ou pour coudre) c’est de le laver. Ici, je l’ai lavé en machine à 60°C parce que plus la température est haute et plus cela va dissoudre de produits. De base, j’utilise des noix de lavage pour ma lessive, mais ici ça se justifie d’autant plus que cela ne laissera pas de dépôt sur mon tissu. Ensuite, j’ai procédé au débouillissage.
Le « débouillissage » c’est vraiment comme décaper le tissu. On le débarrasse des derniers produits restant en le faisant bouillir avec des cristaux de soude, tout en brassant. Les infos que j’ai trouvées concernant la méthode sont vraiment variables. Certains ajoutent du savon de Marseille en paillettes. Pour moi, le savon qui bout ça mousse (beaucoup) donc non (surtout qu’il a déjà été lavé). Et les temps s’étalent de 30 min à 2h. De base, je vais toujours prendre les temps de cuisson les plus courts et le moins de produits.
Donc là ça donne 6gr de cristaux de soude dans 3 litres d’eau pendant 30 min à partir de l’ébullition. Je n’ai trouvé le volume d’eau dans aucun de mes bouquins et un seul site le mentionne. C’est pourtant très important puisque cela va donner un mélange plus ou moins dilué donc plus ou moins efficace, pareil pour la teinture. On peut couper la plaque de cuisson et continuer de touiller un peu plus longtemps si l’on veut. On rince avant de passer à la suite, mais on ne fait pas sécher, le tissu doit rester humide pour éviter les traces.

2. Mordançage

Avec le curcuma, cette étape est inutile (oui parce que c’est LA recette facile), mais je vais quand même vous expliquer le principe. La majorité des plantes tinctoriales nécessite un « mordant ». C’est une préparation du tissu visant à permettre aux pigments d’adhérer aux fibres. Les principaux mordants sont l’alun de potassium et la crème de tartre (utilisé en pâtisserie), mais certaines plantes nécessitent d’autres traitements.

3. Teinture

J’ai vérifié le PH de mon eau courante parce que je pensais qu’elle était très dure et c’est bien de l’eau douce (PH à 7 env.). J’ai lu qu’avec une eau trop dure la teinture accroche moins. En revanche, on peut parfois acidifier le bain de teinture pour obtenir d’autre couleur. J’ai dilué les 50 gr de Curcuma dans un peu d’eau tiède dans mon faitout. Quand ce fut bien dilué, j’ai ajouté le reste d’eau (en tout 3 litres) et j’ai continué à chauffer. Sans attendre, j’ai déposé mon tissu humide et déplié dans le faitout et j’ai commencé à touiller. Le tissu remonte à la surface, ajouter de l’eau n’y changera rien. Il faut touiller régulièrement et surtout immerger les parties qui remontent. J’ai chauffé jusqu’à 60-70°C, puis j’ai maintenu la température en touillant pendant 20 min. Si vous chauffez plus, vous risquez de foncer la couleur. J’ai coupé le feu, puis j’ai continué à touiller pendant 30 min. Bon je n’ai pas touillé non-stop pendant 50 min. J’ai fait des trucs à côté. Mais il faut quand même revenir régulièrement. On peut laisser tremper toute une nuit pour avoir une couleur plus foncée. Mais comme le tissu flotte, je ne suis pas sure du résultat. Ici, je l’ai rincé de suite.

4. Rinçage et lavage

J’ai rincé le gros de la teinture à l’eau et j’ai lavé au savon de Marseille. Là, j’ai eu une grosse frayeur parce qu’en saupoudrant le savon râpé, j’ai vu plein de taches rouges sur mon tissu. En fait, c’est le savon de Marseille qui déclenche une réaction au contact du tissu. C’est temporaire, ça a disparu presque aussitôt.

5. Séchage à l’ombre

Avant séchage, le tissu est orange vif. Assez foncé même.

Résultat :

J’ai obtenu un joli jaune très lumineux et bien uniforme.
J’éditerai cet article pour dire si la couleur tient dans le temps

Mes sources :
Livre : Guide des teintures naturelles : plantes à fleurs de Marie Marquet
Livre : Le guide essentiel de la teinture naturelle d’Eva Lambert et Tracy Kendall
Site : http://www.slow-dye.fr/140724decatir2.html

 

Teinture Curcuma Media

2 réflexions au sujet de “Teinture végétale sur tissus (Curcuma)

  1. Dumont

    Bonjour
    Alors ça a tenu cette jolie couleur ?
    Tu as expérimenté d autres teintures depuis ?
    Tu penses qu on peut mettre un tissu plus grand dans le même faitout ?

    Répondre

    1. Pépette

      Je viens de voir que je n’étais pas notifié quand on me parle ^^’ alors désolé pour la réponse tardive. J’ai essayé la myrtille mais c’est un échec complet. Il faudra que je le documente d’ailleurs. Le jaune du curcuma tient super bien mais je déconseille de mettre une pièce de tissus plus grande. Le problème c’est qu’il faut vraiment que le tissus puisse se déployer si on veux éviter les « taches ». L’autre solution serait d’utiliser la technique du batik pour avoir des motifs « contrôlé » sur un plus grand morceaux de tissu.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.